Tor : mon beau-père, ce viking.

Tor

L’histoire se passe en Norvège, dans le comté rural de Nordland, connu pour sa chasse aux élans et sa caserne militaire de Bodø. Nous sommes en 1991, Tor a 35 ans et célèbre la naissance de sa troisième fille. Les hommes ne bénéficient pas encore de congé paternité. Ils devront attendre 1993, année où le premier gouvernement paritaire norvégien appelé « le gouvernement des femmes » va instaurer sa politique de « l’homme à la maison ». Ainsi, la chef du gouvernement, Gro Harlem Brundtland, fait voter la loi du « quota du père » de 4 semaines. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la femme. Le congé grimpera petit à petit :  5 semaines en 2005, 6 en 2006 et aujourd’hui 10 semaines.

Merci Gro !

Tor c’est mon beau père et franchement c’est dur de faire plus viking :  1,95m, barbe longue, aime faire du ski de fond, du vélo dans les montagnes, dormir dans des chalets sans eau ni électricité pendant l’hiver et manger du cœur d’élan séché. Comme si ça ne suffisait pas, il est militaire de carrière : a fait son service dans l’extrême Nord de la Norvège, entraînement par -20 degrés, soldat, lieutenant, capitaine et colonel.

Envoyé au Kosovo et en Afghanistan.

Quand même.

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Donc quand tu débarques dans ta belle famille, à première vue tu ne bronches pas trop. Si Tor fait une blague que tu ne comprends pas, tu rigoles. S’il te demande d’aller chercher le sel, tu cherches aussi le poivre. S’il te propose du cœur d’élan, tu le manges. Si tu parles politique et que tu n’es pas d’accord, tu cherches pas. Je crois que ça vient de lui l’expression : Cherche pas, t’as Tor.

En 1991, le couple est modeste, lui soldat et elle étudiante. Ils doivent faire un choix suite à la naissance de leur fille. Qui pour s’en occuper en attendant une place en crèche dans un an ? Ils n’ont pas les moyens pour embaucher quelqu’un. La facilité, c’est la norme : Tor pourrait demander à sa femme de rester à la maison et ainsi retarder ses cours à l’université d’une année.

Le couple a une meilleure idée : Tor va expliquer son cas à son chef. Il lui demande s’il peut lui-même garder sa fille et « laisser » sa femme continuer ses études. Bienveillant, le chef lui répond: « Reste chez toi de 9h à 16h t’occuper de ta fille, et quand ta femme finit ses cours, tu peux venir à la caserne faire ton travail. » La philosophie de l’armée est assez proche de la philosophie du monde du travail en Norvège : du moment que le travail est fait on s’arrange sur la vie familiale.

Alors Tor n’a pas hésité une seconde : trois jours par semaine pendant huit mois, il reste à la maison. Il change les couches, donne les biberons, amène et cherche ses deux filles ainées à l’école, prépare le repas pour sa famille. Les deux autres jours de la semaine ? C’est sa femme qui amènera sa fille avec elle à l’université. Une autre prouesse en soi.

La mission de Tor était de planifier les exercices militaires pour l’armée de terre, la marine et l’armé de l’air. Il le fera à la caserne, les soirs de 17h à minuit.

Tor avait quasiment mon âge.

Aujourd’hui, on est loin des premières impressions.  Il ne m’a pas fallu longtemps pour découvrir sa vraie personnalité. Un grand gentil qui m’a même appris faire du ski de fond. Aussi patient avec moi, qu’avec sa fille en 1991.

J’ai vite compris que derrière sa barbe de viking, se cachait un homme au grand cœur.

Au cœur d’élan

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