Les droits cédés et le droit de rêver. La barbe et le biberon un jour au cinéma ?

Tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Elle ne pouvait pas mieux commencer. 2022 ou le droit de rêver. Le droit de fermer ses yeux et s’imaginer dans une salle de cinéma. De visionner une comédie qui mettra le congé paternité et le modèle scandinave à l’honneur. Qui, à travers les aventures d’un français à Oslo, fera rire et émouvoir les téléspectateurs. Qui fera à sa manière évoluer les mentalités. Qui posera un nouveau regard sur l’égalité, sur la parentalité. Un regard d’ailleurs.

Nous n’en sommes qu’au tout début de l’aventure et il y a beaucoup de défis à relever avant qu’un film puisse voir le jour. Surtout en ces temps incertains. Mais la volonté est là, celle de déplacer des montagnes. La société de production 2425 films, en me proposant un contrat d’adaptation cinématographique de la barbe et le biberon, semble bien déterminée à déplacer des fjords. Pour atteindre des sommets?

L’histoire de ce projet commence début 2020, quelques mois après la parution de mon ouvrage. Il s’agit à certains égards d’une histoire de famille. Eloignée certes, mais famille tout de même. Matthias, un cousin issu-issu de germain, ou peut-être même un peu plus loin (je crois que nos mères sont cousines issues de germain), est associé au sein de la société de production 2425 films qui vient notamment de produire « Boîte Noire » avec Pierre Nineey 1 million d’entrées. Bravo cousin.

« Tristan, j’ai lu ton livre. Je suis père de deux enfants, et j’étais beaucoup touché. J’en ai discuté avec Thibault mon associé et on veut en faire un film. Une comédie moderne, les trois hommes et un couffin remis au goût du jour. Un film subtil et délicat, et indirectement engagé. L’angle est inédit et on peut faire changer les mentalités. Je suis à fond. Tu nous suis? ».

S’ils peuvent résoudre l’énigme de la boite noire d’un crash d’avion de Dubaï à Paris, ils pourront à priori solutionner les aventures d’un père en congé parental de Paris à Oslo?

Je suis bien sûr enthousiaste (enfin je saute dans tous les sens dans mon salon, mon fils me demande ce qui m’arrive). Mais aussi vite réaliste. Surtout qu’au moment des premiers échanges, nous sommes en pleine vague Covid. La première ou la deuxiéme, peu importe, tous les cinémas sont fermés. « C’est un peu tôt pour faire signer un contrat d’adaptation, l’avenir de l’industrie est flou. Donne-nous quelque temps. Il faut trouver un scénariste, un réalisateur, un distributeur, des acteurs… Mais ça c’est notre métier. Et là, on va surtout chercher un scénariste pour transformer ton livre en film. Je trouve quelqu’un et on signe ». Il me demande quelques mois, le temps pour lui de trouver l’impresario sensible à la cause qui puisse s’emparer du sujet, se réapproprier le livre et entamer le travail de réécriture.

J’apprécie des producteurs. Leur motivation, sensibilité et envie de transmettre sur grand écran la subtililté de cette paternité moderne. Thibault et Matthias sont impliqués, plein d’énergies. S’engager sur ce genre de projet est audacieux. Je les invite à dîner à la maison. S’ils ont la barbe, ils ont sans doute tenu le biberon?

Avec Matthias Weber (gauche) et Thibault Gast (à droite) – 2425 films production

Je savais que mon bouquin avait un fort potentiel cinématographique : les scènes du père en congé paternité, les décors grandioses norvégiens, le décalage des cultures, quelques personnages charismatique (Tor mon beau père ce viking), l’enjeu majeur de société sur l’égalité H-F. Des ingrédients clés pour la réussite d’un film sont présents. Mais je suis aussi lucide. Il manque beaucoup. Notamment un vrai scénario avec plus d’enjeux, d’obstacles, de conflits, de rebondissements…. de drame!!

Quelques mois après, Matthias et Thibault me contactent à nouveau. Ils ont drôlement avancé. « Nous avons appelé le tout Paris et plusieurs scénaristes. On a trouvé celui qui est prêt à partir avec nous. Un barbu aussi, père de deux enfants. » Il s’agit de Thibault Vanhule. Il a notamment écrit le film Fahim, un jeune banglasdeshi menacé de quitter la France mais qui grâce à son don pour les échecs et son professeur joué par Depardieu, va tenter de rester. J’ai adoré ce film, surtout qu’il parle des échecs.

Je me suis entretenu plusieurs fois avec Thibault Vanhule par téléphone. Les premiers échanges ont été prometteurs. Dans son travail de réécriture, Thibault va rajouter beaucoup plus de conflits entre les personnages, épicer les relations, rendre des détails plus croustillants, rajouter du drame dans le couple, le travail, la relation père-enfant. « Ce sera des doubles de Tristan & Louise. Il faut s’inspirer mais s’éloigner des personnages pour pouvoir créer des tensions et du suspense pour tout le film ». Pour faire court : Thibault va créer un sacré bordel. Première trame du scénario dans quelques mois!

Même si la version finale sera très différente du texte initial, l’important pour moi est de faire découvrir un modèle inspirant à la France. Quoi de mieux que l’émotion suscitée par le grand écran pour convaincre et faire partager ses idées?

Les producteurs m’appellent : « Le contrat d’adaptation est prêt ». J’aurai un droit de regard sur le film qui sera librement adapté de la barbe et le biberon. J’ai cédé les droits le 4 Novembre 2021, jour de mes 37 ans. J’ai bien sûr pensé à ma famille. A mon père qui est fier de cette histoire et à ma mère qui l’aurait été, elle qui m’avait félicité de mon ouvrage car il avait une dimension anthropologique. 

Il est peu commun d’écrire un livre et de se le voir proposer en film. Je mesure la chance de vivre ces moments-là. Je dois simplement trouver le juste équilibre entre la lucidité d’un projet avec beaucoup d’inconnus et qui risque donc de ne pas aboutir. Et le droit de rêver. Rêver du casting, de savoir qui jouera chaque personnage du livre.  Rêver de voir le réalisateur galérer à reconstituer la scène de la pêche en porte bébé? Rêver de discuter du scénario final. Rêver d’assister à un tournage en Norvège. Rêver de m’asseoir un jour dans une salle de cinéma avec ma famille pour voir un peu de sa propre histoire. Rêver de faire bouger la France.

Pour cette nouvelle année, je choisis de rêver. 

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