Les balades en poussette : nouvelle thérapie de groupe?

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Finies la France et les vacances d’été, coquillages et crustacés, Mont Saint Michel et Mbappe, camembert et farniente. La canicule s’est envolée, la vraie Norvège pointe le bout de son nez, celle qui te complique la vie dès le matin, celle qui avec son temps capricieux et imprévisible alterne nuages et éclaircies, grosses pluies et soleil tapant, où il faut aussi bien penser à la crème solaire qu’à l’imperméable, au bonnet et qu’au bob, à sa fille qu’à soi même.

La logistique s’est un peu compliquée mais la motivation est encore là. DNT (Den Norske Turistforegningen), l’association d’Oslo préférée des papas et mamans en congé, propose comme chaque semaine une sortie collective en poussette. Cette fois-ci, le tour fait 6 kilomètres. Le rendez-vous est fixé à 10h30 dans les hauteurs d’Oslo. Un ami Adrien m’y emmène. Nous complétons la vingtaine de courageux du jour.

Les balades en poussettes, c’est d’abord un peu d’exercice physique en forêt mais c’est aussi (et surtout ?) une thérapie de groupe. En temps habituel, raconter son quotidien de congé parental ennuie. Ici, il passionne. Chacun saisit l’occasion de partager son expérience avec son bébé, ses échecs et ses réussites dans le but de trouver une oreille bienveillante et compréhensive qui saura donner conseil.

 

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J’ai ainsi appris que, la nuit, le fils de Magnus se réveille  toutes les deux heures pour un biberon. Magnus a raconté treize fois son histoire, je crois qu’il avait vraiment besoin de la partager. Il a cherché un semblable dans le groupe mais n’en n’a pas trouvé. On n’a pas su l’aider mais on a su l’écouter. Il faudra réessayer le groupe de la semaine prochaine pour un conseil.

Helena, dont la fille Marita se lève systématiquement à 5 heures du matin et Bastian, dont le fils enchaine les micro-siestes de 30 minutes sondent également le groupe. Certains avancent « Moi vraiment, j’ai aucun problème pour la faire dormir » mais avec comme fond sonore les pleurs de leur bébé, ils manquent de crédibilité.

Alors quand on m’a demandé et toi elle dort bien ? J’ai dit « elle a du mal à s’endormir » ce qui permettait à Magnus et Helena de se rassurer.

Frank, qui devait être moitié allemand moitié norvégien, restait scotché à son téléphone. La marche n’était pas si longue et le temps maussade, mais il transpirait beaucoup. « J’ai un peu chaud disait-il ». Il achetait un appartement pendant la balade. Oui en Norvège, chaque appartement est vendu un jour précis, et les acquéreurs enchérissent par sms et sont informés du prix en temps réel. Donc il écrivait 4.200.000 couronnes (420.000 euros) et recevait une réponse que l’appart était passé à 450. Frank n’a finalement pas acheté l’appartement, mais de toute façon, personne n’avait ramené de bouteille de vin pour célébrer pendant la « pause repas ».

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La pause repas s’est faite au bord du lac. L’occasion de donner à manger et faire gambader les bébés. Olav, sans vraiment que je le lui demande mais voyant que je donnais à ma fille un vulgaire bout de pain, m’a donné des conseils pour la nourriture : « tu fais cuire deux œufs, avec une purée de brocolis et tu mélanges avec du lait et de la compote de pomme pour le côté sucré ». C’est vrai que son fils Mathias dévorait cette omelette norvégienne revisitée. J’ai dit à Olav que j’essaierai mais je crois qu’il a lu sur mon visage un enthousiasme différent de celui de son fils.

Après avoir discuté sieste et sommeil, nous comparons les tailles et la motricité des enfants. Markus marche à 11 mois, sous le regard fier de son père tandis que Marita, 16 mois, peinent à se tenir debout. « Elle prend son temps, sourit sa mère ».

J’essaie d’enchainer sur un autre sujet de conversation avec Bastian, mais pas facile de rebondir en norvégien sur quelqu’un qui écrit une thèse en physiothérapie sur  » les épaules fragiles ou abimées depuis au moins 25 ans ». Enfin c’est ce que j’ai compris. D’habitude je trouve un peu de répondant mais là j’étais bloqué et j’ai pas trouvé d’autres parents pour m’épauler.

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Alors on a fini par une séance photo au bord du lac, chacun pouvant montrer sur Instagram, Snapchat et Facebook à sa femme, ses amis, sa famille à quel point papa et bébé étaient très heureux ensemble. Une vérité légèrement déformée mais fidèle aux réseaux sociaux. Et peu importe, la sortie du jour nous a bien aéré la tête. Peut-être un peu trop ? Les premiers commentaires des femmes recevant les photos ne tardaient pas. « Magnifique ta photo, mais la petite elle a l’air d’avoir un peu froid sans son bonnet non ? ». Ah les femmes et le lâcher prise… ca vaut bien aussi une thérapie !

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