Nouvel appart, nouveau boulot. Petite crise de 40 ans à Oslo?

Le temps est bon, le ciel est bleu. On n’a rien d’autre à faire que d’être heureux.

Barbapapa ferait-il une crise pour ses 40 ans? Je finis la trentaine avec dix ans dans la même entreprise et dix ans dans le même appartement. L’expatriation familiale de trois ans en Suisse semble bien loin, la barbe et le biberon fête ses 5 ans et nous retour donc à Oslo, la case départ ou presque. Le besoin de renouveau a pointé le bout de son nez, le décor doit être changé. Mais quoi, comment, où ? Mayday, mayday, les sirènes de la crise de la quarantaine sont allumées !

Une chose est sûre, aucun congé paternité norvégien en perspective. Trois enfants, on s’arrêtera là, c’est non négociable dit Louise, qui, elle, n’a aucun souci avec la quarantaine. Fini le bonheur potentiel d’un pappaperm, RIP le congé pat de cinq mois à déambuler en poussette dans les rues d’Oslo. C’est le passé tout ca!

40 ans, c’est donc pour moi voir ses enfants grandir trop vite! Emile, notre ainé, a déjà 10 ans et défie ces copains à Brawl Stars en utilisant un vieil Ipad. Il pratique l’athlétisme deux fois par semaine même quand il fait -5 degrés, me demande si Macron est de droite ou de gauche et sait déjà ce que « dissolution » signifie. Nora, 7 ans, avec qui j’ai passé 5 mois de congé paternité en 2018, apprend l’imparfait et aime les devinettes de ChatGPT. « Papa tu peux prompter une devinette avec un animal de la jungle pour enfant ? ». Elle fait son spectacle de modern jazz la semaine prochaine. Je serai là, je l’ai dit sur le groupe what’s app, spond, messenger, teams, telegram et l’intranet de l’école. Et je l’ai aussi écrit sur le calendrier accroché au frigo.

Emile et Nora vont à l’école française d’Oslo qu’ils adorent. Ils prennent d’ailleurs le tramway seuls depuis Grunelokka jusqu’à Frogner. Oslo reste idéal pour les enfants. Je n’ai même plus à les chercher ou à les amener.

Ouf, la petite dernière, Ella, qui vient de fêter ses 4 ans a encore besoin de moi. Elle est toujours en jardin d’enfant (barnehage). Notre norvégienne viking née à Lausanne dirige encore la famille, adore la trottinette même sous la pluie, les blagues en français, les bêtises en norvégien et les câlins dans toutes les langues. Il reste encore un biberon à la maison et à 19h, la petite demande « papa tu peux le chauffer stp ?».

Il faut tout de même se rendre à l’évidence de cette nouvelle décénnie. Le lit parapluie est donnée à la belle-sœur, le tapis d’éveil et la table à langer à la voisine. La poussette est vendue, le doudou qui servait à les faire s’endormir a pris la poussière et les « turbulettes » sont dans la cave.

Il y a de nouveaux cheveux blancs, des poignées d’amour. Beaucoup d’amour. Et que dire des amis qui quittent la ville pour des maisons aux alentours ? Plus personne pour prendre un verre alors qu’il y au super bar à cocktail de Gin Tonic en bas de chez nous. C’est donc ca avoir 40 ans ? Attendre que ça se passe, mais ça ne passe pas ?

Il fallait bien une petite crise pour faire changer tout ça.

Et ca commence avec un nouveau boulot depuis Octobre. Chez Sats, une entreprise de salle de fitness, leader dans les pays nordiques. Je ne suis pas encore « personal trainer », je travaille dans le département marketing pour fidéliser les clients. Les clients fidèles sont ceux qui ont une « routine ». Je l’ai vite compris. Alors je m’y suis mis. Cours de HOT yoga, bodypump ou tabata en semaine, course de 7 km sur tapis roulant le week end. On met 66 jours à installer la routine selon la science. J’y suis presque.

L’entreprise propose aussi Mini Sats. Pour 100 couronnes par mois, les membres peuvent venir avec leurs enfants. Quelqu’un s’en occupe pendant que vous vous entrainez! Idéal pour les parents en congés, trop forts ces norvégiens. Louise tu es sûre que tu ne veux pas un quatrième ?

Et comme tout se passe en même temps, un duplex s’est libéré dans notre immeuble en Septembre. Un appartement qui peut nous loger tous les cinq. On l’a acheté et vendu le notre dans la foulée. Il faut connaitre le marché immobilier d’Oslo pour comprendre le stress de la vente. Ici, deux heures de visites le week end et une mise aux enchères le mardi. Le vendeur doit relifter l’appartement au maximum, faire du home staging pour donner à l’acheteur l’envie de se projeter. « Le décor doit donner de la personnalité, mais pas trop » dit le styliste. Les acheteurs enchérissent la matinée du mardi, par sms, pour acuquérir le bien. Et on a vendu en un temps record notre petit bonheur de vie de 10 ans, avec un croissant sur notre lit double, de jolis fleurs et de belles plantes. Ici c’était écrit la Barbe et et le Biberon.