Heureusement, y avait Pierre au « cours de nourriture pour bébé ». En fruits et légumes.

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Je vais pas vous raconter de salades, je suis allé à ce cours à reculons. Même si la commune d’Oslo est aux petits oignons avec nous, que c’est adorable de sa part d’organiser ce genre d’évènement pour papas et mamans en congés, cette histoire de cours de nourriture pour bébé pouvait potentiellement me prendre le chou.

J’aime ma fille et j’alterne purées faites maison et petits pots. Mais cuisiner une bouillie à base de quinoa, poire pelée, dés de bananes et raisins secs soupoudrés de canelle à un bébé de 9 mois quand, parfois, on réchauffe pour soi même la pizza surgelée de la veille… faut pas pousser barbapapa dans les orties.

Il fallait aussi rajouter un zeste de scepticisme et un décilitre d’arrogance, car je me voyais mal, en tant que français, recevoir des conseils culinaires d’un pays où le plat national est une saucisse knaki avec du ketchup et où l’on vend en supermarché des tubes de jambon-fromage et de crevette-fromage. (preuve à l’appui).­­­­­­

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Je prends mon métier d’homme au foyer avec sérieux, et je vais tenter de ne pas avoir le melon. Après tout, mieux vaut rencontrer des gens que faire le poireau chez soi. Premières impressions? La table était belle, les céleris, patates douces et carottes étaient d’Oslo, « ce sera locavore aujourd’hui! » introduit la professeure. Enfin sauf la banane du Cameroun, l’avocat du Pérou, la mangue de Côte d’Ivoire qui serviront au smoothie. Mais les couteaux c’est pas dangereux pour les bébés?

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C’était pas une professeur à la noix, elle était vraiment professionnelle, impliquée et amoureuse de la nourriture. Elle a commencé son cours en nous expliquant que donner du miel à un bébé de moins d’un an était très dangereux. A ce moment même, un papa francais a surgi, interrompant triomphalement le monologue : « En France, on donne du fromage dès 8 mois, ca pose aucun problème. »

Ce papa c’était Pierre et quand je l’ai entendu je me suis dit : « Oh purée! »

Il n’a pas pu résisté, il a prononcé le mot fromage dès la cinquième minute. J’ai quand même bien fait d’y aller à ce cours finalement.

« Je parlais de miel » répondait-elle.

Solidarité francaise oblige, j’enchérissais : « Non mais si le lait est pasteurisé c’est bon madame ».

Le ton était donné, les francais allaient ramener leur fraise toute la matinée et je crois que la pauvre professeure avait compris que pour elle, ca pouvait vite être la fin de haricots.

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Ne devant pas se mettre à dos les deux seuls hommes de la classe, elle mettait un peu d’eau dans son vin : « Mais oui, chaque pays a ses propres règles. »

C’est vrai que pour sa grossesse en Norvège, ma femme avait le droit à tout le saumon cru qu’elle souhaitait mais pas une goutte d’alcool, alors que pour notre premier, en France, les médecins lui avaient dit « sushi interdit » mais une petite coupe de temps en temps. Vous avez dit lobby du saumon et lobby du vin?

La professeure nous a alors répartis sur trois tables. Les bébés regardaient leurs parents cuisiner avec un batonnet de carotte à la main. Pierre et moi avons été envoyés dans des ateliers différents, forcément, parfois il faut mieux séparer les torchons des serviettes.

Et, comme une punition, j’ai hérité de l’atelier à la bouillie de quinoa alors que Pierre, plus chanceux, préparaient des biscuits pour bébé et des papillotes de lieue. Au moment de la dégustation, Pierre a laché « Elle l’a pas assez cuit son poisson » tandis que ma fille a largement préféré le smoothie exotique à la purée de céleri locale.

C’est bébé qui décide », conclut la professeure. « Nous sommes à leur rythme. C’est aux parents à s’adapter à l’enfant et pas le contraire. J’espère que cette lecon vous a plus et vous aura servi!  »

Oui, merci !

Et cette lecon vaut bien un fromage, sans doute? Je proposais à Pierre, qui avait parlé de camembert toute la matinée, de terminer l’atelier à une formagerie francaise « Le Galopin ».

J’y ai acheté un bout de comté et un fromage de chèvre pour 200 couronnes (20 Euros), prix local. C’était un peu cher, mais ca me posait pas de souci, la Norvège indemnise nos congés paternités à 100% du salaire, de quoi mettre pas mal de beurre dans ses épinards.

Recette de bouillie au quinoa

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